Comme beaucoup de tableaux de Marc Chagall, La Danse est d’une incroyable richesse, une profusion d’éléments et de symboles parcourent toute la toile. Comme souvent, cet artiste puise son inspiration dans la religion et s’inspire d’un épisode de l’Ancien Testament. Dans le bas du tableau, des femmes dansent en rond ce qui rappellent Myriam et ses compagnes qui remercient le Seigneur après la traversée de la mer Rouge. La mer est présente dans le bas du tableau avec un bateau, le paysage est celui de la ville de Vence, une ville française du bord de la Méditerranée.

Sur un fond jaune vif, plusieurs personnages se détachent. Un être mi-homme, mi-animal joue du violon et semble faire danser tous les autres. Son habit d’un rouge intense attire le regard. Il s’oppose au vêtement vert de la femme qui tient un bouquet. Elle a la chevelure bleue et semble s’élancer dans une danse au son de la musique. Personne ne la regarde, personne ne fait attention à elle, elle est comme en dehors de l’histoire. Pourtant, elle tend un superbe bouquet de fleurs à l’être hybride, telle un fan rendant hommage à son idole.

La danse n’est pas le seul sujet du tableau, il est aussi question de l’artiste et de son inspiration. En effet, Marc Chagall s’est représenté dans l’œuvre. Il est devant un chevalet, avec une palette et des pinceaux à la main. Il glisse souvent son autoportrait dans ses œuvres. Ici il s’agit d’une mise en abîme, d’un tableau dans le tableau. Sur la toile qu’il peint, est-ce un Christ sur sa croix ? Ce qui donnerait un caractère sacré à la danse et à la musique ou est-ce encore une fois de Chagall se représentant lui-même avec la tête à l’envers ? Comme souvent, il s’est dessiné avec un coq, symbole de vitalité et de créativité, mettant en évidence le rôle du peintre. L’autoportrait n’est pas le sujet principal de l’œuvre, il est apposé sur la toile comme s’il agissait d’un collage. La multiplication des scènes dans une même œuvre est récurrente chez le peintre. L’artiste s’est même peint une seconde fois dans l’œuvre. Derrière l’être hybride, un couple s’enlace, symbole de l’amour parfait. Il s’agirait de Marc Chagall et Bella, sa première femme, son grand amour, morte déjà depuis plusieurs années. Pourtant, point de tristesse, l’artiste essaie de véhiculer le bonheur qu’il ressentait à ses côtés.

Tout le tableau est animé par le mouvement rapide de la danse renforcé par les deux diagonales formées par la figure du danseur rouge et de la femme en vert. Les couleurs vives et fondamentales, le jaune, le rouge, le bleu et le vert, renforcent l’idée de joie qui traverse le tableau. L’univers nocturne de la musique et de la danse est transporté dans un monde très solaire. Cette ode à la vie nous invite à oublier tous nos soucis et à nous plonger dans un univers de rêves et de merveilles.

LiliAB

Plus d’infos :

http://musees-nationaux-alpesmaritimes.fr/chagall/objet/c-la-danse