Le Bibelot peut-il être de l’art ? Les statuettes ont-t-elles leur place dans un musée ? Jusqu’au milieu du 19e siècle, la taille des sculptures leur conférait une valeur. Ce qui était bien plus petit que grandeur nature, n’avait pas sa place dans les musées et les salons. Les bibelots étaient souvent décoratifs, ils n’intéressaient pas les critiques et étaient exclus de l’histoire de l’art. À partir de la seconde moitié du 19e siècle, certains grands sculpteurs s’emparèrent de la question en montrant que même dans un petit format on peut faire passer un message, représenter des thèmes dits nobles comme l’histoire antique ou la mythologie. L’un des artistes qui eut le plus succès dans ce domaine est Antoine-Louis Barye, connu principalement pour ses combats d’animaux observés au jardin des plantes. Il s’essaya aussi avec brio à la mythologie.

Avec ce combat, il montre qu’il maitrise parfaitement les contraintes de la sculpture. Comment représenter en une image un épisode comme le combat entre Thésée et le Minotaure ? L’histoire qui inspira ce thème varie selon les sources. Elle est d’abord celle de Minos, roi de Crète, qui accéda au trône grâce à l’aide de Poséidon. Pour le remercier, il devait sacrifier le plus beau des taureaux, mais Minos le garda et en tua un autre. Poséidon, pour se venger, fit en sorte que Pasiphaé, la femme de Minos, tombe amoureuse de ce taureau. De l’union entre l’animal et cette femme naquit le Minotaure, un être violent avec un corps humain, une tête et une queue de taureau. Minos fit enfermer ce monstre dans un immense labyrinthe construit par Dédale. Pour nourrir la créature, la ville d’Athènes envoyait sept jeunes filles et sept jeunes garçons en sacrifice. Thésée, fils du roi d’Athènes Egée, se porta volontaire pour mettre fin à ce massacre en tuant le monstre. Une fois sur l’île de Crète, Thésée rencontra Ariane, la fille de Minos qui tomba amoureuse du jeune homme. Pour qu’il ne se perde pas dans le gigantesque labyrinthe, elle lui donna un fil à dérouler sur son chemin pour retrouver la sortie une fois le combat remporté. Thésée vainquit le Minotaure et ressorti vivant du labyrinthe.

Il est évident qu’avec une seule statuette, il n’est pas possible de raconter toute l’histoire, alors Antoine-Louis Barye se concentra sur un seul moment, celui du combat, celui de la victoire de Thésée. Il a choisi l’instant d’avant, celui qui précède le coup fatal. Thésée, solide sur ses appuis, menace le monstre de son arme dirigée entre ses deux yeux. Le monstre est quant à lui en déséquilibre total, sur le point de tomber. La composition pyramidale est finement réfléchie pour conférer à cette statuette une grande force narrative et esthétique. Antoine-Louis Barye n’a négligé aucun détail jusqu’à représenter le fourreau de l’arme de Thésée au sol. La sculpture étant un art du multiple, rendez-vous au musée du Louvre, au musée des Beaux-Arts de Bordeaux, au musée Bonnat-Helleu de Bayonne, … pour en admirer tous les détails !

LiliAB

L’histoire qui inspira ce thème varie selon les sources mais cette vidéo pourrais vous restitué simplement une des nombreuses versions :

 

Antoine-Louis BARYE (1795-1875), Thésée combattant le Minotaure, 1843, bronze, 45,5 x 31 x 16,5 cm.

http://parismuseescollections.paris.fr/fr/petit-palais/oeuvres/thesee-combattant-le-minotaure#infos-principales